En quoi l’abordage
thérapeutique de l’Anathéorèse est différent des autres protocoles de
recherche pathogène ? Je crois qu’il faut chercher la réponse dans la
formation d’un anathéorologue. Il ne viendrait l’idée à personne d’exiger d’un
médecin d’expérimenter sur lui toutes les maladies qu’il sera appelé à soigner,
ce serait une incongruité, en plus d’irréaliste. Pour maîtriser l’Anathéorèse,
il n’y a pourtant pas de secret, c’est de l’intérieur qu’il faut procéder.
Connaître nos propres mouvances émotionnelles depuis la conception, jusqu'à
l’âge adulte, comprendre les impacts traumatiques qui nous ont joué tant de
mauvais tours et conditionnés dans nos choix et nos actes, avec des
conséquences pas toujours heureuses. C’est le prix à payer pour comprendre
l’autre, le patient, le comprendre non pas comme un malade, mais comme un frère
d’armes, comme un voyageur galactique avec qui nous partageons des sentiers
oniriques.
L’autre différence et
non des moindres, est la base dialectique sur laquelle nous travaillons. Dans
tous les entretiens préparatoires, quelque soit le protocole thérapeutique
choisi, il y a d’un côté un patient et de l’autre un thérapeute partageant un
dialogue rationnel, analytique, en ondes bêta, les ondes cérébrales normales
d’un état de vigile. Même si le malade a une charge émotionnelle importante
pour exprimer ce qu’il ressent, il le fait avec son hémisphère cérébral gauche,
il réfléchit, il pense, c’est son mental qui parle. Or en Anathéorèse,
l’expérience clinique nous prouve que l’impact pathogène qui vient de
s’actualiser (somatisation) est enfoui dans cet immense océan que l’on nomme
« inconscient ». Les mots que nous allons utiliser en état de vigile
pour expliquer une somatisation décriront précisément cela, une somatisation,
mais jamais la cause profonde de cette émergence pathogène, car aucun souvenir
ne peut traduire fidèlement la vérité vécue. Lorsque nous essayons d’expliquer
quoi que ce soit, nous le faisons en déformant involontairement les faits. Toute
explication est une interprétation, presque toujours une compensation et bien
souvent une conceptualisation de la chose vécue, mais qui en aucun cas n’est la
réalité.
Lorsqu’un thérapeute,
quelle que soit sa spécialité, vous demande en toute bonne foi « Depuis
combien de temps avez-vous… ? » En tant que patient honnête et
discipliné, vous cherchez dans les méandres de votre cerveau le souvenir assez
précis de cette première somatisation. Pour cette raison et pour beaucoup
d’autres, que nous rencontrons à chaque exploration psychique, en Anathéorèse
nous donnons au dialogue en bêta, la valeur relative qu’il mérite, c'est-à-dire
celle du témoignage sincère, déformé toutefois par une série d’écrans :
culturel, religieux, éducationnel, sans compter les compensations égotiques que
nous faisons sans en être conscient.
Il est fréquent en consultation
qu’un patient nous parle en état de veille « ondes bêta » d’un père
sévère, mais un grand homme, plein de vertus. Or en état régressif de
relaxation « thêta » il s’avère que le personnage en question
apparaît sous un autre prisme, beaucoup moins glorieux. C’est souvent un tyran,
adepte de la maltraitance et pire encore, puisque les progéniteurs violeurs,
sont plus fréquents qu’on ne le croit.
La réalité d’une
violation, qui plus est au sein d’une même famille (avec connaissance des faits
par les proches), est un acte tant abject, difficilement assimilable, que
l’inconscient l’engloutit au plus profond de l’être. Mais aucun mécanisme
psychique ne permet de l’effacer définitivement. Précisons cependant que la
violation n’est pas toujours un fait réel. Il arrive souvent que « la
réalité sentie » enregistrée par le patient comme un fait authentique
n’est qu’une interprétation erronée de ses peurs. Le vécu qui affleure en IERA
permet de rétablir la véracité des évènements tels quels.
Le dialogue
anathéorétique en ondes thêta, permet au patient de descendre doucement au fond
de sa conscience, et revivre sans altération physiologique les impacts
analogiques traumatiques « IATs » qui sont a l’origine de
l’actualisation pathogène. Ce voyage aller-retour dans les profondeurs du moi
pour ramener à la surface cette douleur oubliée, la revivre et enfin la
comprendre, c’est le périple de Thésée dans le labyrinthe au centre de la Crète,
jusqu’au Minotaure.
En Anathéorèse, nous
aidons ce Thésée qu’est le patient, à parcourir son propre labyrinthe
émotionnel jusqu’au Minotaure pour le vaincre. Le fil d’Ariane que nous avons
pris la précaution d’attacher à l’entrée du temple (inconscient) nous permet
ces allées venues jusqu’à la guérison complète.